Artistes en dialogue dans "La Chair et dieu" |
KIENHOLZ Edward ...........
Présentation
générale de l'artiste et de ses oeuvres
Brève introduction
Extraits de la présentation de Samantha Barroero
... On peut considérer Edward Kienholz comme un brillant satiriste américain
et un moraliste qui perçoit l'absurdité de l'état humain.
Il a toujours gardé une sympathie pour les moins chanceux, pour les plus
démunis. Mais il s'est montré sans pitié pour ceux qui
usent de leur puissance aussi bien dans les rapports humains que dans l'arène
politique.
Échos des membres d'ACF : ...- (pour les commentaires spécifiques, se référer à ceux libellé ACF)
Il a été difficile de rentrer
dans cette oeuvre de Kienholz.
Elle frappe par les différentes mises en scène d'une situation
de cauchemar: avortement illégal, accouchement dans la solitude et
l'abandon, la prostitution, la folie, la guerre.
On ressent un tel écrasement, un tel étouffement et une telle
asphyxie, que
le refoulement, l'oubli, la mise à l'écart sont
inopérants.
Il faut se réveiller, mais pendant le temps ou l'imagination
a oeuvré, ou l'émotion a été mobilisée, le
message est passé: des hommes et des femmes vivent ces situations de
désespoir, de solitude, de vie exploitée, de souffrance physique
et de douleur psychique proches de la
mort, tels le Christ.
Si à l'impossible, nul n'est tenu: il ne s'agit pas de prendre les armes
pour sauver le monde, mais au moins de pouvoir répondre de sa propre combativité,
la
reconnaître.
Kienholz dit: "je la voudrais véhiculée, canalisée
par
une pensée maîtresse d'elle-même et responsable... Nous, les
américains, devrions situer notre influence à un niveau
plus élevé".
Mais quelle lumière brille dans cet univers, quel espoir d'échapper à cet
enfer?
Sélection du courrier des lecteurs sur cette oeuvre
ACF
: Sélection n°1 -
ACF : Sélection n°6 - The Portable
War Memorial
The Portable War Memorial - Le Monument commémoratif ambulant.
Pour présenter ce tableau, il suffit de reproduire la réponse
de Kienholz à une critique parue dans Artforum durant l'été 1969:
"Je tiens à
préciser avant tout que je ne veux nullement insulter ce pays - l'Amérique
- car je l'aime, je pense, autant que vous. J'ai cependant le droit de vouloir
le changer, et à ma façon. Ma méthode - celle de tout
artiste - est un système de mises au point et de points de vue. Pour
ce qui est de cette oeuvre, elle se lit comme un livre: de gauche à
droite. À gauche il y a les moyens de propagande: l'Oncle Sam de la
première guerre mondiale, Kate Smith chantant "Dieu bénisse
l'Amérique" et "Les marines au Mont Suribachi".
Les" marines" se tiennent debout en face d'un tableau
noir en forme de tombe où s'inscrivent à la craie les noms des
quelques 475 pays indépendants qui ont existé mais qui n'existent
plus. Par exemple: Akkad. Aujourd'hui je ne sais plus où trouver Akkad.
Vous non plus je pense. Un jour, il y a longtemps, un homme a dit à
un autre homme: "n'approche pas d'Akkad sinon je vais prendre un fusil,
une lance, un roc, une massue et je te foutrai en l'air". La terre n'a
pas changé de dimension, mais les frontières tracées
par l'homme changent sans cesse à grand frais humains. Et la raison
en est bien discutable.
La section suivante, "travail habituel", se compose de tables et
d'un vrai distributeur automatique de vrais "cokes". L'horloge
marque notre heure exacte. Aucun détail n'inquiète jusqu'au
moment où le spectateur remarque que sur la dernière pierre
tombale, représentant l'avenir, vierge par conséquent, est
crucifié une forme humaine (environ 5 sur 127 cm). Poussant plus loin
sa recherche, plein de confiance et de cokes (en main), le spectateur remarque
que les mains du petit personnage sont brûlées: détail
symbolique, prémonitoire qui met en lumière la responsabilité
de l'humanité en matière nucléaire. Sur la pierre tombale
figure, outre les noms, une croix retournée. On y lit: monument commémoratif
ambulant, rappelant la victoire
- là, sur le tableau noir, un
petit carré vide - de l'année 19.. - un autre petit carré
vide. Chacun pourra ainsi ajouter Sa date avec un morceau de craie offert
gracieusement (
)
Je pense que la combativité est naturelle, nécessaire même.
Mais je la voudrais véhiculée, canalisée par une pensée
maîtresse d'elle-même et responsable.
La plus riche et la plus puissante nation du monde ne peut jamais l'emporter
dans un combat singulier (bien sûr ILS ont gagné, ILS étaient
les plus forts). Notre situation morale, éthique n'est pas brillante au
point de désirer en écraser les autres cultures.
En tant que nation et en tant qu'individus, peut-être devrions-nous
nous situer nous-mêmes et situer notre influence à un niveau
plus élevé.
Je regrette vraiment tous ces hommes morts dans l'absurdité de la guerre,
car dans leur mort je ne peux pas ne pas lire notre avenir.
Paix!"
ACF
: Sélection n°2 -
Roxy's
Zoé une
des prostitués du "Roxy's" a été conçue
par Kienholz de manière très impulsive et rapide. Quelques jours
après seulement, surgit un deuxième personnage Fifi, un ange
du péché. Puis l'artiste décida d'ajouter d'autres personnages
complémentaires et de les placer dans un intérieur de maison
close auquel il donna le nom d'un fameux bordel de Las Vegas: "Roxy's.
Kienholz baptisa "tableau" cet environnement imaginé d'après
les tableaux vivants, mis en scène et costumés, qu'il avait
vus enfant dans les églises et dans les cours de ferme. La scène
du Roxy's se passe en 1943; la date est précisée par le calendrier,
les magazines, la mode des vêtements, les chansons du juke-box et par
le portrait "appel-aux-armes-du-Général-Mac-Arthur".
Bien que l'on considère souvent l'oeuvre de Kienholz comme une
critique de la société, il est intéressant de remarquer
que la tonalité morale de Roxy's est celle d'une réflexion neutre
sur notre temps. "On ne peut avoir de maisons closes sans clients qui
paient". Lors du vernissage de l'exposition, Kienholz avait insisté
pour que les personnes invitées viennent en tenue de soirée.
Il tenait à ce que l'assistance se conduise de manière impeccable.
On ne devait pas regarder les "filles" de haut, ni se sentir "supérieur"
à elles. Une broderie sur le mur explique pourquoi: "Il y a dans
le pire d'entre nous tant de bien et tant de mal dans le meilleur d'entre
nous, qu'il sied peu à quiconque d'entre nous de parler d'autres d'entre
nous."
ACF
: Sélection n°3 -
The Beanery (détails)
THE BEANERY. C'est la reconstitution
d'un fameux bar de Los Angeles, appelé aussi "Fosse commune",
sanctuaire où l'alcool supprime les barrières sociales, rend
tout possible, permet de s'évader, de se relaxer et de tuer le temps
et donc l'ennui. Le temps, qui pour Kienholz représente la distance
séparant l'individu de sa propre mort. Ce souci constant du temps et
de la mort est à l'origine de tous les grands environnements de l'artiste.
The beanery agresse tous les sens (sauf le goût) par sa réalité
hypertrophiée et exige une réponse de quiconque passe les battants
de sa porte.
ACF
: Sélection n°4 -
The Birthday
Kienholz essaie dans ce tableau de représenter
le moment précis où commence la vie. La femme gît, écrasée
par la peur et la douleur, épouvantée par toutes les histoires
de vieilles femmes qu'elle a entendu raconter depuis son enfance. Ce qui devrait
être épanouissement heureux devient désespoir, angoisse.
La bulle de plastique, c'est le hurlement strident qu'elle pousse, et les
flèches, en plastique aussi, expriment les spasmes de sa souffrance.
Le mari a envoyé une carte (visible) pour expliquer son absence. La
femme est absolument seule. Cependant, ce mal, qui la ravage, va être
source de régénérescence, pour elle et pour l'humanité.
ACF
: Sélection n°5 -
Back Seat Dodge 38
"Le siège arrière
d'une Dodge 38", ici, est évoquée l'expérience de
millions d'adolescents américains tourmentés par des appétits
sexuels d'adultes, dans une société exigeant virginité
et mariage. L'intérieur de la voiture se reflète dans le rétroviseur,
transformant de nouveau le spectateur en voyeur, en participant actif. Il
faut noter que la plupart des spectateurs lisent ce tableau comme s'il se
composait de deux personnages. En réalité, une forme masculine
(en grillage de poulailler) recouvre une forme féminine dont on ne
voit qu'une partie du corps (en plâtre moulé); mais les deux
se fondent en une seule tête. Les vêtements et les divers accessoires
datent du début des années 40, du temps de la jeunesse de Kienholz.
La radio en marche ajoute au caractère direct de l'oeuvre et la
resitue dans le temps.
ACF
: Sélection n°6
- The Illegal Operation
L'opération illégale est une explosion de désespoir
d'une incroyable violence. Cette oeuvre exprime l'extrême angoisse
qui entoure l'avortement pratiqué dans le secret. Souvent pratiqué
de manière peu scrupuleuse, sans prendre les mesures d'hygiène
qui s'imposent, Avant d'être légalisé, l'avortement a
causé de nombreux décès de femme, laissé des
séquelles irréversibles à d'autres, et a toujours été vécu
de manière traumatisante
ACF
: Sélection n°7 -
The State Hospital (Exterior - Interior)
The State Hospital - L'hôpital
d'état. Un établissement psychiatrique où Kienholz a
travaillé en 1948 a servi de modèle. Horrifié par le
sadisme des gardiens, l'indifférence des docteurs et le traitement
particulièrement inhumain des malades, Kienholz a rétrospectivement
construit cet hôpital comme un réquisitoire violent contre de
tels lieux.
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