Artistes en dialogue dans "La Chair et dieu" |
MENDIETA Ana
Peinture, dessin, performance, photographie, cinéma, vidéo"Je ne pense pas que l'on puisse séparer la mort et la vie.
Tout mon travail se concentre là-dessus : Eros (l'amour), la vie et la
mort"
Ana Mendieta
Ana Mendieta a réalisé des performances qui comptent encore aujourd'hui
parmi les plus radicales de ce mouvement artistique. Parmi les thèmes
centraux de son uvre figurent le corps féminin, l'identité
et la violence. Son travail explore le corps comme matériau, en le transformant,
en le confrontant à la réalité, en s'en servant pour opérer
un lien avec ses origines. Arrachée très tôt à son
lieu de naissance, Cuba, Ana Mendieta a exploré les questions d'identité,
se battant sans cesse contre les déterminismes établis, qu'ils
soient liés au sexe ou aux origines sociales .
À travers ses uvres, Ana Mendieta exprime la douleur et la rupture
provoquée par le déplacement culturel. En ayant pensé sa
condition de femme issue d'un pays en voie de développement, elle apparaît
comme précurseur de la critique «post-coloniale».
Son uvre se situe à la croisée du Land Art et du Body Art
où «contexte» culturel et quête d'identité fusionnent
avec l'environnement physique et naturel.
La série des «Silhouettes» réalisées entre
1973 et 1980 consiste à marquer des zones territoriales par des impressions
éphémères de son corps .
L'artiste utilise souvent le feu
ou la puissance des armes à feu
pour animer ses installations .
Ses «événements artistiques» montrent tout autant
la fascination de l'artiste pour tout ce qui touche aux rituels, à la
spiritualité, que sa volonté de décliner les différentes
facettes identitaires de la femme et de sa relation avec la nature. Ana Mendieta
cherche ainsi à établir un "dialogue entre le paysage et
le corps féminin, symbole de la maternité". À l'image
des déesses paléolithiques, elle révèle le corps
féminin comme principale source de vie. Les matériaux employés
sont hautement symboliques. L'utilisation du feu nous renvoie à des rituels
d'exorcisme et de purification. Ana Mendieta a également utilisé
des fleurs dans ses séries ,
faisant référence aux traditions folkloriques mexicaines. Son
principal médium est la terre. Dans la série "Arbol de la
Vida" (arbre de vie), elle a couvert son corps nu de boue, et a posé
contre un arbre .
Elle est ainsi visuellement unie à l'arbre. Dans cette photographie Mendieta
fond le naturel avec le culturel: sa photographie évoque le monde naturel
(dans l'arbre, son écorce, les racines dépassant du sol cassé,
le corps baigné dans la boue et l'herbe) et les terrains culturels de
la religion, du mythe, et du rituel. Mendieta incorpore des symboles et des
rituels mythologiques du christianisme et du Santería, notamment l'arbre
et la boue.
L'arbre est l'arbre de la vie. Dans le Santería, l'arbre représente
la présence des dieux sur terre. Mais cette oeuvre évoque également
des mythes chrétiens, et l'arbre évoque aussi l'arbre de la connaissance
du bien et du mal. Dans la photographie, le corps ne fait qu'un avec l'arbre.
La chair est recouverte de boue et se mélange ainsi à l'écorce,
devenant presque imperceptible. La boue est un autre symbole important dans
le travail de Mendieta. Elle suggère la genèse, le mythe de la
création .
Dans la série "Facial Variation Cosmetic" (1972), Ana Mendieta
colle son visage à un carreau de verre ,
comme si elle voulait absolument passer au travers. Le verre symbolise le mur
invisible sur lequel les espérances féminines se heurtent. Même
avec violence, elle n'arrive pas à faire éclater l'obstacle.
Les travaux d'Ana Mendieta sont très autobiographiques. Ils parlent de la recherche de sa propre identité féminine, du destin des émigrants cubains et de sa quête permanente pour retrouver la culture perdue de sa patrie latino-américaine. Ils sont aussi l'expression de son combat politique contre le racisme et l'oppression.
De son vivant, Ana Mendieta n'a connu le soutien ni d'une galerie, ni d'une institution de poids dans le jeu de pouvoir de l'art. On la redécouvre depuis le début des années quatre-vingt-dix et ses uvres sont enfin exposées dans les principaux musées internationaux.
Samantha Barroero janvier 2004
Échos des membres d'ACF : - (pour les commentaires spécifiques, se référer à ceux libellé ACF)
Femme faisant corps avec avec le végétal, le feu, le limon et les arbres. Corps qui épouse le terreau, l'air à travers le feu, corps symbolique qui semble chercher / trouver une place dans un espace qui l'accepte.
Corps déguisé, transformé, volontairement transfiguré...
Comme l'explique fort bien Samantha Barroero, on sent l'être qui cherche à exprimer la place de la femme dans un espace social... - connaître / reconnaître sa propre identité, sa place dans la société - tel semble être le message que nous transmet Anna Mendieta.
Quelle est notre propre vision de notre propre être corporel et mental ???
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