La différence des temps et des cultures fait naître des confrontations esthétiques et permet d'aborder certaines questions qui traversent notre époque et l'art d'aujourd'hui.
L'exposition virtuelle regroupe des uvres autour du thème de la chair, matière première de notre existence, et médium incontournable de notre présence au monde : la chair est tout ce qui du vivant peut-être perçu par les sens. Par delà les questions formelles ou esthétiques, c'est avant tout la capacité des uvres d'art à soulever des sujets sensibles qui a guidé le choix des artistes.
L'art contemporain, c'est à dire la création postérieure
à 1945, conjugue la diversité des supports et des disciplines.
Les artistes utilisent le principe de recyclage des signes et des images issus
de l'histoire sociale, politique ou économique. Qu'il soit question de
l'identité et de l'altérité, de dédoublement, d'ambiguïté
sexuelle, de tabous, de violence corporelle, de ségrégation raciale,
d'exclusion sociale, de déracinement culturel, d'épidémies,
de guerres
les artistes évoquent un corps à la fois en résistance
et en éveil face à l'histoire, à la fragilité de
la vie, à la dérive technologique. Surgissent alors tout à
la fois des images dures qui parlent de manques, de souffrances, de doutes,
mais aussi d'espoir qui parlent de plaisirs, de désirs, de joie...
La Chair et Dieu apparaît comme une galerie de portraits de notre réalité : une humanité, tantôt humiliée, tantôt pervertie, parfois magnifiée. Ces visions ne sont jamais très sereines et cherchent par delà la simple provocation rétinienne à nous faire réfléchir sur nous et le monde.
Il ne s'agit pas de faire de ces artistes des militants ou des portes drapeaux ou d'utiliser leurs uvres pour défendre une idéologie. Les artistes restent eux-mêmes, ils sont dans le champ de l'art mais en acceptant de participer au dialogue proposé ici, ils ouvrent la symbolique de leur travail à un domaine de questionnement extérieur crucial.
Tant dans les grandes capitales occidentales qu 'en Afrique, Amérique
Latine, Asie du sud-est, extrême, moyen ou proche Orient, depuis les années
soixante-dix nous assistons à l'émergence d'un questionnement
identitaire fort. C'est pourquoi il était aussi important de sélectionner
des artistes internationaux. L'appartenance à une minorité raciale,
sociale, ou sexuelle devient le fondement même de l'engagement artistique.
Le statut de l'artiste se modifie dès lors. Si des années soixante
aux années quatre-vingt, l'artiste joue un rôle de guide, aujourd'hui
(et notamment dans ce projet) ils acquièrent la dimension de médiateur
dans une société devenue plurielle où l'uvre d'art
nous renvoie à des expériences intenses et à des mythologies
personnelles.
Les différentes uvres proposées ont en commun de porter un regard critique parfois pessimiste, sombre, ou cynique, mais aussi ludique ou dérisoire sur l'environnement contemporain.
Elles nous rappellent que l'art cherche avant tout à éveiller
nos esprits et nos sens, en faisant appel à l'imaginaire, à l'inconscient
collectif ou personnel, à l'humour, à la peur
L'art nous
aide à prendre du recul face au monde qui nous entoure et nous permet
de regarder le monde tel qu'il est ou qu'il pourrait être.
Ainsi présentées les uvres prennent une dimension quasi
didactique : pour le moins, elles s'expriment, elles parlent, elles comptent
des histoires ou édictent des vérités, leurs propres vérités.
Prendre son temps dans la rencontre, est la seule condition pour que l'uvre
face aux spectateurs se livre et donne tout son sens.
L'essentiel ici, pour l'art comme pour l'église et la société est de trouver la voie d'un dialogue sur le monde d'aujourd'hui.
Le forum est ouvert à tous ceux qui souhaitent réagir face aux questions que soulèvent " la Chair et Dieu " dans la création contemporaine, dans la société mais aussi au sein de l'église catholique.
Samantha Barroero - Octobre 2002