Présentation de leurs oeuvres et
de leur démarche
Richard Bellon, Renaud Layrac et Frédéric Pohl, tous trois élèves à l’Ecole
des Beaux-Arts de Nice se rencontrent en 1981. Peu de temps après,
ils décident de travailler ensemble. Cette collaboration artistique
devient effective trois ans plus tard, lorsqu'ils exposent une première œuvre
commune intitulée Monochromes. Les trois panneaux de double vitrage
qui forment cette pièce renferment chacun une même quantité d'huile
pour moteur présentant des caractéristiques différentes.
A partir de cette date, BP sera l'appellation générique
sous laquelle les trois artistes apparaîtront. Evidemment, la collusion
qui s'opère assez rapidement dans l'évolution du groupe
entre un matériau industriel ( l’huile de vidange ), quelques
accessoires s'y rattachant (fûts métalliques, glissières
de sécurité, pompes à essence, etc.) et un sigle
les unissant ne manque pas d'intéresser ne serait-ce que par une
certaine supercherie évidente et déclinée sur le
mode ludique. Dans un contexte parfaitement référencé,
BP vaut également par l'ambivalence qu'il entretient avec l'enseigne
de la multinationale British Petroleum, notamment en incluant régulièrement
le logo BP dans son travail. BP intrigue encore par des contraintes très
strictes qu'il s'est délibérément fixées
pour investir le champ de l'art.
Aujourd'hui, même si la cellule BP s'est séparée
d'un de ses membres (Richard Bellon a quitté le groupe depuis
1991), elle reste fidèle à son pari initial. Son vocabulaire
plastique tourne plus que jamais autour des ingrédients industriels
sur lesquels le groupe a bâti sa réputation. L'huile de
vidange vue comme un substitut avantageux de la peinture recouvre des
morceaux de tôles récupérés sur des automobiles
accidentées ou sert à produire un écran sur des
vitrines dans lesquelles sont présentés gyrophares et têtes
de mannequins utilisées habituellement dans les tests d'accidentologie.
A première vue, ses dernières œuvres s'orientent plus
ouvertement vers un fond dramatique, bien qu'elles gardent un lien formel étroit
avec les précédentes, notamment dans le processus de création
mis en place par le groupe.
Ici voilà l’homme face à la machine. L’humain
ou plutôt ce qu’il est devenu (le post-humain) se reflète
dans le miroir de l’huile de vidange: un mannequin teste pour lui
les dangers de sa volonté d’aller toujours plus vite. Casques
et combinaisons de coureurs automobiles sont érigés en
trophée, mais quand l’huile de vidange les recouvre, les
BP laissent planer le doute, sur la valeur des symboles dans un monde
de plus en plus déshumanisé par les notions de compétitivité et
de technicité.
Le travail des BP révèle le corps machine. Nous pourrions
presque sentir une certaine odeur de chairs brûlées… Les
BP nous placent face à un "Etat du monde" obsédé par
la quête pétrolifère, une humanité réduite à l'abstraction.
Les BP fustigent en son cœur la figure prométhéenne
et comme le souligne très justement Cyril Jarton dans la préface
du catalogue «BP, Splash», galerie Louis Carré &Cie,
2000:
« Le pétrole est le grand manitou de la vie contemporaine. Tout
ce qui roule, vole, flotte, chauffe, parfume, habille ou se mange est lié de
près ou de loin à ce jus de bitume, le plus consommé sur
la terre, après l’eau. Depuis l’Iran, où commencèrent
les premiers forages à grande échelle, au début du siècle,
en passant par les chocs pétroliers de 74 et 79, la Guerre du Golfe ou
l’invasion de la Tchétchénie, il suffit de suivre la trajectoire
de l’or noir pour tracer la carte du mal moderne. Il faudra pourtant attendre
le milieu des années 80 pour que l’art, l’œil analytique
de la société, enregistre cette évidence.
Piratant le sigle d’une multinationale bien connue, la British
Petroleum, un groupe d’ artistes niçois commence dès
lors une plongée dans les eaux troubles de l’ordre noir
des hydrocarbures, investigation au long cours qui ne cessera logiquement
qu’avec l’épuisement du dernier gisement pétrolier,
le jour où la religion d’état nucléaire remplacera
définitivement les raffineries, ces cathédrales de tubes,
avec leurs nefs de cuves d’essences et de gaz rehaussées
de minarets aux flammes sombres.»
Pour plus d’information sur BP
http://www.bp-officialsite.com
....Vers
l'oeuvre
............Vers l'interview....
.. ........ Po
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