.Dialogue avec Andres Serrano à travers sa galerie virtuelle Présentation d'Andres Serrano pour le site 'Artistes en Dialogue .
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Galerie des oeuvres et artistes autour du dialogue de l'Eglise avec les artistes

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SERRANO Andres.............

Rencontre autour du thème de la Chair & Dieu
Propos Recueillis le 6 février 2001 à New York


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Votre œuvre a été jugée très sévèrement par certaines personnes aux Etats-Unis. Votre "Piss Christ" a suscité bien des remous. Comment percevez-vous aujourd'hui la volonté de la part de membres de l'Eglise Catholique de France d'établir un dialogue avec les artistes sur la thématique de la Chair & Dieu?
Andres Serrano :
C'est un projet incroyable. C'est très intéressant. Par delà les 'faux scandales', je pense que nous avons tous besoin de balance et que les artistes jouent en quelque sorte le rôle de balance au sein de la société. Ils montrent des voies et c'est pour cela que l'idée de Dialogue est nécessaire. C'est très important.
Sur le rapport entre la Chair & Dieu, des références surtout cinématographiques me viennent à l'esprit. Je pense entre autres à Luis Bunuel, Fellini, Almodovar…. Je me sens assez proche d'eux.
Dans mon travail, je cherche toujours à atteindre l'audience du plus grand nombre. Je ne transmets pas un message particulier. Au contraire j'essaie toujours de laisser une lecture la plus ouverte possible. Il est très important pour moi que chaque spectateur de mes œuvres voie ce qu'il veut y voir.



- Vous avez fait une série de photographies avec des gens d'Eglise. Quel en était le sens?
Andres Serrano :
J'ai toujours un rapport très particulier vis-à-vis des modèles que je choisis. Au début des années 90 quand j'ai photographié des gens d'église, ce fut très étrange. Lors des prises de vue j'avais beaucoup de mal à les diriger, à les toucher. L'habit qu'ils portent est très fort symboliquement. La notion de pouvoir véhiculée par leur uniforme s'impose sévèrement. C'est ainsi qu'ils marquent leur appartenance à un ensemble communautaire. Et du coup ils se mettent par là en marge de la société. Le vêtement marque d'emblée leur différence. La communication n'est donc pas très évidente. C'est tout cela qui entrait en jeu pour cette série.



- Pour illustrer la Chair & Dieu, vous souhaitez que nous présentions votre série des Morgues, pourquoi un tel choix?
Andres Serrano :
Les cadavres ici photographiés ne représentent pas pour moi la mort mais bien au contraire. Ils sont pour moi très présents - presque comme vivant. Il se dégage à mon avis une très forte présence humaine de cette série. La chair se ressent. D'ailleurs dans la plupart des photographies la couleur spécifique de la mort n'est pas encore visible. J'ai avant tout cherché à trouver la vie dans la mort.



- Pourquoi avoir choisi un tel contexte pour réaliser des photographies?
Andres Serrano :
L'idée d'entrer dans une morgue a commencé à germer en moi vers 1987-88. La mise en place de ce travail n'a pas été évidente: comment entrer dans un tel lieu? Comment se positionner une fois dedans ..?
J'ai été introduit dans une morgue par un de mes amis. J'y ai travaillé près de trois mois. La première fois cela fut très choquant. Je n'avais jamais vu de morts avant. Et même si on m'avait mis en garde ce fut assez dur. On m'a dit que certains photographes n'étaient jamais revenus après leur première visite.
Pour ce travail, il était essentiel pour moi d'éviter tout voyeurisme. Il y a un côté très prédateur dans le fait de photographier des moi. Je pense avoir éviter cela en ayant respecté totalement l'identité et l'intégrité des personnes prises pour modèles: par le jeu de cadrages très serrés, en ne prenant aucune vue d'ensemble. Le mystère de leur mort est intact. Je ne dévoile aucun détail qui donnerait une indication sur la nature de leur mort. Je ne cherchais ni à savoir de quoi ils étaient morts, ni pourquoi…
Comme dans mes autres séries ce qui était important pour moi ici c'était l'idée de redonner une présence à des gens qui sont pour une raison ou une autre passés dans une autre réalité que la notre. C'est une manière de leur redonner une existence. Qu'ils s'agissent de drogués, de sans domicile fixe, de cadavres… c'est la notion de transcendance du réel que je cherche à révéler dans mon travail photographique.
Enfin pour conclure je pense que je suis poussé par l'idée de l'existence de Dieu, et être en ce sens un bon catholique.




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